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25 mars 2013 à 23:32

Je suis un Footballeur !!!

Du dimanche, mais un footballeur. Comme 99.5%, des licenciés, je suis un amateur, un être mystérieux évoluant dans un univers méconnu.

Les Cahiers du Football

 

J’aime le foot. J’aime sa simplicité, son aspect universel. Jetez deux sacs à dos sur un terrain vague et voilà un but. Pourtant, mon sport préféré évolue, il accélère. On beugle pour l’arbitrage vidéo, on agrandit des stades déjà vides et on déblatère pendant une heure sur le récent transfert vers la capitale d’un vendeur de slips. Vous cherchez du football à la télé? Vous voulez du jeu et de la poésie? Achetez une Playstation et lisez du Verlaine! Le sport est passé au second plan. Désormais, c’est le footballeur qui prime. Pour ma voisine de palier, le footballus vulgaricus est un type à la coiffure improbable qui conduit un Hummer jaune fluo en écoutant du hip-hop. Je conduis une Peugeot qui ne démarre pas quand il a trop plu et j’adore Bashung. Comme 99.5%, des licenciés, je suis un amateur, un être mystérieux évoluant dans un univers méconnu. Je suis un footballeur du dimanche. 

 

Mes moulées, mes alus

Je ne savais pas faire une soustraction que je préparais déjà mon sac de foot le week-end. Une paire de chaussettes, le survêt’ du club pour l’échauffement, une banane et une bouteille de flotte. Le club fournit le maillot et le short. Pour les chaussures, une paire de moulées et une paire d’alu; on ne sait jamais vraiment sur quelle surface on va jouer. Le club dispose de deux terrains: un stabilisé parsemé de tessons et une mare de boue où vivent la moitié des taupes de la région. En tant que défenseur, tacleur fou, j’ai une certaine tendresse pour les terrains gras où le brin d’herbe se fait aussi rare qu’une intervention pertinente de Pascal Praud. 

Le vendredi, je m’étais tapé quinze minutes de bouchons pour consulter les convocs. À l’exception de quelques surprises, les compositions d’équipes obéissent à un schéma assez simple. Les gars qui se rendent aux entraînements du mardi et du vendredi jouent en A. Ceux qui daignent honorer de leur auguste présence l’une des deux sessions hebdomadaires jouent en B. Les handicapés moteurs vont pratiquer un sport alternatif en C. Je suis capitaine de l’équipe B, vous me reconnaîtriez facilement, j’ai une bande de strap autour du bras gauche (on a paumé le brassard). Le rendez-vous est pris dimanche à quatorze heures pour affronter les deuxièmes, un point derrière nous au classement. On évoluera à domicile. On va les taper.

 

District 2

L’un des avantages quand on joue au foot, c’est que l’excuse pour abréger le repas dominical chez les beaux-parents est toute trouvée. Beau papa est lui-même un ancien footeux et lorsque je m’éclipse pour me rendre au match, son regard traduit à la fois la nostalgie et la jalousie. "Tu sais que j’ai joué en demi-finale de Gambard’, contre Bordeaux? Tu reprends pas du clafoutis?" Je ne reprends pas de clafoutis. Je jette mon sac dans le coffre de la voiture et, pied au plancher, je fonce vers l’âme de mon club.
Le foyer est attenant aux terrains. Au centre de cette vaste pièce trône une table de ping-pong. Dans un coin, la télé s’attarde sur un épisode de Walker, Texas Ranger. Sur un pan de mur courent des étagères garnies de trophées en stuc et en plastique doré: Champions de district 2, poule E. Des photos des différentes équipes du club, des débutants aux vétérans, tapissent le fond du local. Enfin, sur la droite se dresse l’élément le plus important: le bar. Il est en général tenu par la femme du président qui, en général, est grosse. Elle connaît le prénom de chaque joueur, sait vous rappeler que vous n’avez pas payé votre licence et vous offrira volontiers le café. Pour une bière ou un Twix, il faudra vous délester d’un ou deux euros qui financeront les barbecues estivaux et les troisièmes mi-temps.

Scruter les morphologies

Les rendez-vous sont fixés une heure et demie avant le match. La marge est grande, elle permet tout juste de s’assurer que les gars seront là cinq minutes avant le coup d’envoi. Comme toujours, les trois quarts sont à la bourre et pas encore totalement réveillés. Ils gagnent directement le vestiaire pour rejoindre l’échauffement. Trois séries de montées de genoux et de talons-fesses, des pas chassés pour la forme, des frappes dans tous les sens, le tout sur fond de franche déconnade. Si j’avais des muscles, ils seraient fin prêts pour la bataille. 
Sur l’autre moitié de terrain, nos adversaires ont suivi le même rituel. Un jeu de dupes s’est mis en place, celui de l’observation estimative. Cerveau reptilien en branle, on scrute les morphologies, on étudie les frappes de balle, on analyse les foulées. De tout ceci, on extrapole et on tire des conclusions sur le niveau supposé du camp d’en face. Je n’aime pas les grands maigres, surtout s’ils sont roux aux oreilles décollées: d’après mon expérience, ils font de redoutables attaquants.
Aujourd’hui, un arbitre officiel s’est déplacé. C’est de plus en plus rare, une véritable crise des vocations, la soutane en moins. Se faire insulter par des types que vous dépannez, autant bosser pour la hotline de Free.

Les chefs de gare


Le coup de sifflet retentit. C’est parti pour quarante-cinq minutes. Les trois spectateurs affalés contre la rambarde, toujours les mêmes, assistent alors à un ballet de passes ratées, un récital de contrôles approximatifs, un florilège de frappes dévissées. L’anthologie du presque. Ça gueule, ça s’insulte, ça transpire et ça saigne des genoux. Parfois le temps s’arrête et planté là, au milieu d’un champ de patates, sous la pluie glacée d’un mois de décembre, je réalise que je suis heureux. Je n’échangerais ma place avec personne. Je suis un footballeur. Le dimanche, je suis un sportif, un acteur et un spectateur d’une pièce de théâtre où chacun connaît son rôle. Celui des arbitres de touche est majeur dans cette distribution. Afin de limiter les polémiques, chaque équipe en fournit un. Il juge les hors-jeux de l’adversaire pour éviter que les matches ne se terminent sur des scores de rugby. C’est, évidemment, un échec total. Prenez donc votre ticket pour le manège des "chefs de gare" et autres victimes de mouvements compulsifs qui lèvent plus souvent le bras que le plus lèche-botte des élèves et le plus zélé des nazis.
Enfin la mi-temps. On boit et on réajuste une stratégie inexistante. L’entraîneur a moyennement apprécié les cinq positions de hors-jeu de notre milieu défensif. Le dimanche tombant le plus souvent le lendemain du samedi, un ou deux mecs en profitent pour aller soulager leur estomac. On nettoie nos crampons incrustés de terre et c’est reparti.
 

Cri de guerre


La fin de match est tendue. Sur un dernier corner défensif, notre libero prend le ballon de la tête et lâche un "monteeeez" rageur. L’homme en noir met fin au débat. On les a battus. C’est anecdotique. On s’est vraiment bien marrés. Dans les vestiaires, les potes m’attendent impatients et fébriles. On se réunit au centre: "Pilou, pilou, pilou? Zob, zob, zob!" Cri de guerre. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on gueulait ça, mais j’imagine que c’était déjà le cas de mon prédécesseur. Le cri d’après-match a deux buts. Tout d’abord, il nous évite de le lâcher en semaine, debout sur notre chaise à roulettes au milieu de l’open space. Le second, c’est de faire chier l’adversaire. Aujourd’hui, l’alignement astral doit être optimal, on a même de l’eau chaude pour les douches. Byzance! Alors que je me savonne, le bruit monte. D’abord léger, il finit par devenir tonitruant. "Président, président, présideeeent!" On réclame la double prime: une bière gratuite.
J’efface la mousse de la 1664 qui couvre mes lèvres puis je salue mes camarades. Dans la vie, celle qui se joue en-dehors de la parenthèse dominicale, ils sont étudiants, maçons, cadres, ouvriers, chômeurs ou marginaux. On forme une putain d’équipe. Je rentre chez moi en boitant, j’ai mal partout. Je sais que ce soir je m’endormirai très tard. Il paraît que c’est un effet secondaire de l’adrénaline. Dans le hall d’entrée de mon immeuble, j’aperçois ma voisine de palier. Elle vient de croiser un footballeur. Elle n’en sait rien.

Commentaires

Thomas Fauquet 26 mars 2013 22:16

c'est un très bon article

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